Post Image

La formation anti-discriminatoire de Facebook est intéressante, amusante et assez dangereuse

L’édito

Vous pouvez me dire que les préjugés existent sur le lieu de travail, que mes collègues ont des préjugés, que j’ai moi-même des préjugés, et que nous, en tant qu’entreprise… non… nous, en tant que nation, devons faire plus pour combattre les préjugés sur le lieu de travail afin de créer les organisations inclusives et représentatives dont nous avons besoin, et je vous croirai.

Mais ne me dites pas ce genre de choses pendant une heure.

Lundi, j’ai écrit un article sur la nécessité pour les professionnels de l’apprentissage et du développement de trouver des moyens de se connecter avec leur public afin de l’aider à adhérer à quelque chose dont il ne pensait pas nécessairement avoir besoin. Le programme de lutte contre les préjugés récemment partagé par Facebook a beaucoup de potentiel pour accomplir cette mission. Mais il semble cependant ne pas fonctionner.

À mon avis, quand quelque chose d’aussi important que la formation anti-préjugés échoue, cela peut faire plus de mal que de bien.

Je ne travaille pas chez Facebook et je n’ai pas fait l’expérience de la formation complète, donc les observations suivantes sur ce programme très médiatisé sont basées uniquement sur les vidéos que Facebook a publiées “pour aider d’autres entreprises” ainsi que sur plusieurs articles qui décrivent le programme.

 

La formation anti-discriminatoire de Facebook : points positifs et négatifs

 

Voici quelques éléments de conception que j’apprécie vraiment dans le programme que Facebook a rendu public :

Parrainage exécutif

Un cadre offrant des commentaires d’introduction sur la raison pour laquelle cela est important à tous les niveaux de l’organisation confère un niveau de gravité que les formateurs ordinaires ne pourraient jamais produire par eux-mêmes.

Exemples spécifiques

Tout au long de l’heure de vidéos, les animateurs tissent des exemples personnels d’employés Facebook et de la société en général.

Participation de l’auditoire

Au début, un animateur demande aux membres du public de partager leurs opinions et expériences avec la personne la plus proche d’eux. On demande à l’auditoire de jouer un rôle actif dans l’apprentissage !

 

Voici ce que je n’ai pas aimé dans ce programme :

Choix du sponsor exécutif

Bien sûr, le responsable des RH aime ce programme, mais qu’en est-il des autres cadres ? S’agit-il simplement d’une autre initiative RH ? Ou cela peut-il vraiment avoir un impact sur les opérations ? La recherche et le développement ? Le marketing ? D’autres domaines ?

Le déclin épique des ressources visuelles

Au début, il y a plusieurs diapositives propres présentées par les animateurs. Au fur et à mesure que la vidéo progresse, les diapositives sont de plus en plus remplies de données et de puces.

 

Voici pourquoi je pense que ce programme est dangereux

En résumé, ce programme est dangereux parce qu’il est trop gentil. Il est trop soigné. Il est trop sanitaire. Il donne de faux espoir sur un aboutissement positif.

La formation peut jouer un rôle important dans la lutte contre les préjugés sous de nombreuses formes : racisme, sexisme pour n’en citer que quelques-unes, mais elle doit non seulement parler à l’esprit, mais aussi crier au cœur. Les apprenants individuels doivent comprendre leur rôle dans les préjugés de la société, en commençant par comprendre et reconnaître leurs privilèges. La célèbre liste de contrôle du privilège blanc de Peggy McIntosh a été élaborée en 1989 et pourtant, tant de mes collègues blancs voient encore cela pour la première fois et le rejettent comme un problème socio-économique (jusqu’à ce qu’ils comparent les résultats de leur liste de contrôle avec ceux de leurs collègues, en particulier les personnes de couleur).

La formation de Facebook est intéressante parce que c’est un exemple très médiatisé de formation anti-préjugés dans une industrie qui a désespérément besoin d’être plus inclusive. L’attention médiatique qu’elle a suscitée depuis sa diffusion publique a lancé un débat, ce qui est important.

 

Héloïse Pieragnoli

Diplômée de l’école de journalisme et de communication d’Aix-Marseille (EJCAM), Héloïse Pieragnoli a intégré par la suite la Google News Initiative, où elle a pu renforcer son écriture web. Aujourd’hui rédactrice pour La Gazette de l’Entrepreneur, elle est également bénévole au sein de La Chance, pour la diversité dans les médias. Une structure qui l’avait soutenu dans le passé, afin d’accomplir son projet professionnel.